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Pour ce premier weekend d’août, des journalistes de l'Aisne Nouvelle ont suivi une équipe de dépannage sur les autoroutes de leur secteur. Panne, perte de clés, accident… les mésaventures
des usagers de la route sont multiples et surprenantes.
Ils viennent en aide aux naufragés de la route
Durant le chassé-croisé de ce weekend des 5 et 6 août, il y a ceux qui traversent l’Aisne par l’A 26 et ceux qui doivent s’y arrêter par la force des choses. Immersion avec les dépanneurs. - Par Vincent Guille
L’A26 est un simple lieu de passage pour certains. Mais pour d’autres, une halte imprévue s’impose : casse moteur, panne d’essence, baisse de puissance de la voiture, les raisons sont multiples et parfois même, surprenantes. Durant plusieurs jours, nous sommes allés à la rencontre de ces malchanceux de la bande d’arrêt d’urgence (BAU), accompagnés de dépanneurs.
Avec les années, les chassés croisés ne sont plus réservés au samedi dimanche et commencent dès le jeudi. Afin de pouvoir intervenir le plus rapidement possible, des tronçons d’une trentaine de kilomètres sont attribués aux dépanneurs locaux. "On doit intervenir en moins de 30 minutes. C’est important de ne pas laisser les vacanciers sur le bord de la route. La bande d’arrêt d’urgence, ce n’est pas un lieu où l’on doit rester très longtemps. Même nous, quand on intervient, on fait très attention. Il ne faut jamais tourner le dos à la circulation, quelques secondes d’inattention et ça peut être le drame", commente Arnaud Venet, dépanneur. Dès jeudi dernier, les premiers départs se font sentir, avec une première mission de la Sanef (Société des autoroutes du Nord et de l'Est de la France) à résoudre : "perte de clés dans les poubelles de l’aire d’autoroute d’Urvillers." Pas le temps de tergiverser, le camion démarre.
Des raisons incongrues
Vingt minutes plus tard, le contact est pris avec le propriétaire des fameuses clés. "Je ne comprends pas, j’ai pris un café, et depuis je ne retrouve plus mes clés de voiture. J’ai fouillé les poubelles." Après quelques recherches d’Arnaud, elles étaient… dans la poche de sa veste ! "Celle-là, on ne me l’avait jamais faite." Le Lillois retrouve le sourire et reprend sa route vers la Côte d’Azur.
À peine rentré au dépôt, il faut repartir. Cette fois, une famille bretonne descend dans le Midi et se retrouve au bord du chemin, sur l’autoroute des vacances, avec une panne moteur. La famille a adopté le bon réflexe : tous se sont réfugiés derrière la barrière de sécurité. Les parents de Léo, 4 ans, dédramatisent la situation : "Tu vas pouvoir monter dans un camion, c’est la première fois !" Au volant, Arnaud klaxonne pour faire sourire le petit garçon.
Des souvenirs qui marquent
"En février 2022, sept voitures sont entrées en collision. Il y avait des véhicules militaires. L’accident a causé des blessures plus ou moins graves à dix occupants des voitures. C’était impressionnant, il y en avait partout. L’autoroute était fermée, on était nombreux à intervenir." Des souvenirs, l’équipe en a... Ce que retient Laurent, c’est un bruit. Celui des camions qui roulent sur les plots vibreurs, ces marques sur la route qui font du bruit et délimitent la voie principale de la bande d’arrêt d’urgence. "Je me souviens d’un dépannage de camion. Alors que j’étais en dessous sur la BAU, j’ai entendu ce bruit. Tout de suite, on se dit que c’est la fin. Je pensais qu’on allait se faire percuter." Le visage marqué, il ajoute : "Ça m’est déjà arrivé de sauter du plateau du camion vers l’autre côté de la barrière de sécurité."
Le dépannage intervient dans un processus de prise en charge par l’assurance. Le dépanneur doit les sortir de l’autoroute puis les remettre entre les mains de l’assistance téléphonique. Parfois, le prêt de véhicule se fait dans l’heure, d’autres fois, cela peut prendre 24 heures. Des Anglais en ont fait les frais. Ils ont dû laisser leur caravane rue Pierre Semard à Gauchy de vendredi à samedi. Ils ont été accompagnés par des Anglais, samedi, avant de laisser la place à des Hollandais dimanche midi. "Ce n’est pas grave, cela pourrait être pire, ce n’est que matériel, et cela ne retarde les vacances que de quelques heures", lâche le père, souriant. La famille reprendra la route vers Nancy quelques heures plus tard. Au total, ce sont 15 familles de naufragés de la route qui ont été assistés ce week-end de chassé-croisé, et surtout, aucun accident n’a été à déplorer.
Qu’est-ce que le corridor de sécurité ?
Instauré par le décret du 17 septembre 2018, le corridor de sécurité est une barrière virtuelle que tout conducteur doit respecter dès l’approche de personnels intervenant sur le bord d’une route, voie rapide ou autoroute.
Concrètement, lorsqu'un véhicule équipé des feux spéciaux, ou tout autre véhicule dont le conducteur fait usage de ses feux de détresse, est immobilisé ou circule à faible allure sur un accotement ou une bande d'arrêt d'urgence, tout conducteur circulant sur le bord droit de la chaussée doit, à son approche, réduire sa vitesse et changer de voie de circulation après s'être assuré qu'il peut le faire sans danger.
Si le changement de voie n'est pas réalisable, le conducteur doit s'éloigner le plus possible du véhicule en demeurant sur sa voie. Le non-respect de ce corridor est sanctionné par une contravention de la 4e classe, qui entraîne une amende forfaitaire de 135 euros et éventuellement une perte de points.
LA FABRIQUE A SOURIRES
Tout au long du weekend, nous avons suivi une équipe de dépannage sur l’autoroute. C’est parfois sans ouvrir le capot moteur que les dépanneurs arrivent à redonner le sourire aux naufragés de la route, ne serait-ce qu’en retrouvant des clés de voiture égarées sur une aire d’autoroute, clouant son propriétaire sur place. D’autres fois, le simple son du moteur fait apparaître les fossettes surle visage de Néerlandais tombés en rade sur la bande d’arrêt d’urgence. Souvent, le sourire des clients fait apparaître aussi la bonne humeur sur celui du dépanneur. “Ça, ce sont des clients heureux”, exulte Laurent, en sortant la tête du moteur qu’il fait vrombir à nouveau.
Premier contact humain quand les automobilistes connaissent une galère d’autoroute, le dépanneur est aussi là pour rassurer le naufragé et le faire relativiser. “Dans quelques heures, vous allez pouvoir reprendre la route”, en rigole Arnaud, le dépanneur de Gauchy dépannage. Une fois sorties de l’autoroute, c’est dans la salle d’attente du dépôt de Gauchy Dépannage que les familles se croisent ou cohabitent quelques heures en attendant un taxi ou un membre de la famille dépêché sur place pour venir les aider. Les rencontres se font et les anecdotes de galère se racontent en belge, anglais ou néerlandais, mais au final beaucoup ont cette simple phrase aux lèvres: ”Ce n’est que matériel.”
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